Tout en haut de la pyramide des cybermenaces se trouvent les groupes d’attaquants alignés avec des États, connus sous le nom d’APT (Advanced Persistent Threat), qui visent prioritairement les organisations opérant dans des secteurs stratégiques.
Si les PME et ETI françaises sont rarement des cibles directes de ces acteurs, elles ne sont pas pour autant à l’abri. Attaques par rebond, compromission de la chaîne d’approvisionnement ou actions menées par des groupes cybercriminels motivés par des gains financiers : les entreprises de taille intermédiaire, tous secteurs confondus, sont continuellement exposées. La majorité des cybercriminels s’appuient sur des modèles économiques sophistiqués, souvent indirects. Par le biais de programmes d’affiliation — comparables à des franchises dans l’économie légale — Ainsi les éditeurs de malwares mettent à disposition d’un réseau de sous-traitants des outils, infrastructures et méthodes clés en main.
Ce fonctionnement industrialisé, couplé à une montée en compétence continue, rend leurs attaques de plus en plus redoutables. Dans ce contexte, les services de Détection et Réponse Managés (MDR) constituent une réponse structurée, continue et proactive, venant compléter les protections classiques et renforcer la résilience des entreprises face à des menaces toujours plus évoluées.
Un paysage d’attaque profondément transformé
Si les acteurs malveillants ont amélioré leurs méthodes, ce n’est pas l’unique préoccupation des défenseurs. Tour d’horizon des évolutions du paysages des menaces et tactiques des attaquants.
Pour passer sous le radar, les attaquants détournent de plus en plus des outils légitimes (VPN, outils d’administration, pilotes système). Cette évolution rend obsolètes certaines approches centrées sur les indicateurs de compromission isolés. Parallèlement, l’émergence des malwares résidant uniquement en mémoire – qui n’interagissent pas avec le disque – permet d’échapper à l’analyse traditionnelle des fichiers. Ces méthodes remplissent un objectif : augmenter la furtivité de l’attaque et permettre aux attaquants d’exfiltrer des données avant d’activer leur rançongiciel.
D’autre part, atteindre une cible peut s’effectuer comme au billard, avec plusieurs bandes. Ainsi, au-delà des attaques directes, une autre technique est préoccupante : l’exploitation de la chaîne d’approvisionnement logicielle, qui transforme des éditeurs de confiance en vecteurs d’infection. L’attaquant se trouve ainsi directement dans le système d’information de ses futures victimes, bien souvent sans éveiller le moindre soupçon.
Notons pour terminer ce paysage, non exhaustif, que les campagnes d’ingénierie sociale, comprenant l’hameçonnage, mais plus uniquement celui-ci, utilisent l’intelligence artificielle. Cet outil a été rapidement adopté par les cybers criminels pour rendre de plus en plus crédibles leurs campagnes. Cet outil augmente les taux de compromission, contournant les barrières traditionnelles basées sur la sensibilisation des individus.
Augmenter sa défense et superviser en temps réel
Antivirus, Firewall, chiffrement, inventaire logiciel et matériel, gestion des vulnérabilités et application des correctifs, authentification multi-facteur, sensibilisation… Ces bonnes pratiques élémentaires, à retrouver dans le guide de l’ANSSI, assurent une base solide. Mais face à des attaques furtives, évolutives et souvent multi-vecteurs, il faut passer à l’étape supérieure. D’une part, une analyse comportementale apporte une vision supplémentaire, via l’EDR (Endpoint Detection and Response) ; d’autre part, les services MDR (Managed Detection and Response) offrent une surveillance continue, des capacités d’investigation poussées et une réponse rapide aux incidents.
Ces briques sont désormais indispensables. Elles ont d’ailleurs elles aussi évolué et répondent aux défis des entreprises. Quand les PME peinent à recruter et à retenir des profils d’analystes cybersécurité très recherchés et souvent onéreux, les fournisseurs de services MDR savent leur offrir des carrières que peu d’entreprises peuvent leur apporter. D’autre part, en intégrant de plus en plus l’intelligence artificielle dans leurs outils et processus, il est possible, non seulement d’automatiser l’analyse d’un volume croissant de signaux faibles, mais aussi de prioriser les alertes, de corréler les événements et dans certains cas, de déclencher automatiquement des actions de remédiation.
En renforçant ainsi l’efficacité des analystes humains, l’IA contribue à optimiser les ressources disponibles, afin qu’elles se concentrent sur des taches à forte valeur. C’est ainsi que les éditeurs spécialisés dans le MDR réussissent à attirer et fidéliser des experts de haut niveau, mutualisant ces compétences au bénéfice de leurs clients. Cette approche managée donne ainsi accès à une expertise de pointe, sans avoir à constituer un SOC interne 24/7, souvent coûteux et difficile à maintenir, en particulier pour les structures de taille intermédiaire.
Souveraineté et proximité, des critères décisifs
Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de dépendance technologique, la question de la souveraineté européenne prend toute son importance dans le choix d’un prestataire de service MDR. Opter pour un fournisseur européen, soumis à des réglementations alignées avec le RGPD, garantit un meilleur contrôle sur les données sensibles et réduit les risques liés à l’extraterritorialité de certaines lois étrangères. Au-delà de la souveraineté, la proximité avec les équipes opérationnelles est également un facteur clé. Un fournisseur local ou régional, maîtrisant le contexte réglementaire et sectoriel du client, peut adapter plus finement ses détections et sa réponse aux besoins spécifiques. Une collaboration fluide avec des analystes qui parlent la même langue – au sens propre comme au sens organisationnel – renforce considérablement l’efficacité de la défense.
Prévenir plutôt que guérir, tout en maitrisant ses coûts
Les services MDR sont un ajout nécessaire à la défense en profondeur des organisations. Sans remplacer les outils de base et les bonnes pratiques, ils les complètent en y ajoutant une capacité de veille, de détection et de réaction adaptée aux risques et menaces actuels. Dans le choix d’un partenaire MDR, la capacité technique ne suffit pas : la souveraineté, la transparence et la proximité humaine doivent aussi guider les décisions pour garantir une cybersécurité robuste, ancrée dans la réalité opérationnelle des entreprises européennes, quelle que soit leur taille.